COVID-19 : BAS LES MASQUES !
Alors que la recherche de masques devenait une obsession pour les français en dehors et dans les hôpitaux, le covid-19 dans sa cruelle objectivité nous les mettait à bas et continue à le faire. Pour illustrer en quoi consiste ce « drôle de jeu », voyons comment covid-19 taquine le GIFAV :
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En Ile-de-France, MAR et IADE sont principalement impliqués dans la pose de Chambre implantables, PICCs et Midlines. Or, ces collègues vraisemblablement réquisitionnés par les services de réanimation accueillant les patients covid-19+, le GIFAV craignît qu’en Île-de-France l’offre de soins des unités d’abords vasculaires ne se trouve affectée. De plus, ce virus étant particulièrement virulent chez les patients avec des comorbidités, il semblait logique d’organiser des poses de dispositifs dans des centres ne recevant pas de patients covid-19+.​
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Peu avant le confinement, alertée par le GIFAV d’une possible pénurie de poseurs d’abords vasculaires de moyennes et courtes durée une semaine et d’un risque de transmission croisée du virus accrue notamment chez les patients insuffisants respiratoires chroniques, cancéreux avant le confinement, l’ARS Île-de-France ne comprit pas notre préoccupation et notre proposition.
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Nous lui soumettions en effet d’organiser deux sites de poses ne s’occupant pas de patients covid-19+ et d’y mettre à disposition un groupe de poseurs expérimentés, issus du secteur public et privés, renouvelables en cas d’arrêt maladie ou de réquisition.
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Pourtant la pose d’une chambre implantable est nécessaire à l’administration répétée de médicaments anticancéreux suivis en onco-hématologie. Une rupture de la continuité des soins, en décalant le traitement, peut avoir un impact néfaste sur le pronostic vital. Poser un PICC au lieu d’une chambre implantable, faire le choix d’un mode dégradé de prise en charge, non seulement allait surcharger le programme opératoire des poseurs de PICCs et impacter les délais de pose pour les patients où l’utilisation de ce dispositif était réellement indiquée, mais n’allait pas prévenir le risque de contamination croisée.
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Pourtant, sécuriser les traitements intraveineux à domicile de manière à continuer des thérapies débutées à l’hôpital ou à organiser directement des prises en charge au domicile du patient permettait de libérer des lits en vue d’un re déploiement covid-19 et de prévenir encore les transmissions croisées.
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Pourtant cette organisation permettait d’amoindrir le 2ème effet covid-19 : le retour massif des patients – notamment chroniques – Ă l’hĂ´pital en post pic covid-19. Un besoin massif de soins auprès d’équipes hospitalières très touchĂ©es par la crise sanitaire.
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Pourtant identifier des poseurs de Midlines dans des sites sans covid-19 dispensait le patient, une fois son traitement terminé à domicile, de revenir retirer son cathéter à l’hôpital. En effet encore beaucoup de médecins prescripteurs et même de poseurs ignorent qu’un PICC ne peut légalement être retiré à domicile. Durant la première semaine de l’épidémie, il n’était pas rare de voir des patients téléphoner au standard des hôpitaux cherchant désespérément qui pourrait leur retirer ce cathéter inutile mais qui pouvait devenir un problème (notamment infectieux), et d’entendre des infirmières libérales dire qu’elles en « avaient marre des médecins qui leur disaient avec mépris que ce n’était quand même pas difficile de retirer un PICC, qu’il suffisait de tirer dessus ». Et ainsi le patient revenait à l’hôpital avec un taxi, une ambulance (des solutions simples et non onéreuses) faire retirer son PICC.
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Oui, ce virus est bien sournois : faire tomber les masques alors que nous nous attendions à ce que les masques nous protègent et les tutelles nous soutiennent rapidement.
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L’ARS Île-de-France nous a soutenu le 06 avril :
 La Clinique Chirurgicale des Princes a dédié 90% de son activité à la pose des chambres implantables afin de délester les établissements COVID+ et pour permettre la prise en charge chimiothérapique des patients COVID- malgré la crise.
Elle est joignable au 06 68 93 05 41 et la pose se fait dans les 48h.
Bien cordialement,
Aurélia COUTY-GIRARD
Chargée de mission
Département Offre de soins – Services Ville Hôpital & Personnels Hospitaliers
Délégation départementale des Hauts-de-Seine
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En ceci, c’est une réussite pour le GIFAV. Mais le recensement des poseurs, lancé trop tard et sans vigueur, ne donna qu’une faible réponse.
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Ceci peut s’expliquer par bien des raisons. Soulignons par-dessus tout la compréhension très faible de la thérapie I.V. à l’hôpital et en dehors de l’hôpital. Choisir, insérer, utiliser un cathéter veineux n’a jamais guéri intrinsèquement une personne ; mais mal choisir, insérer ou utiliser un tel dispositif peut désorganiser une offre de soins, amoindrir son efficacité voire tuer un malade. Pour le comprendre et faire en sorte d’améliorer constamment l’offre de soins, ce ne sont pas d’experts « estampillés » dont nous avons besoin mais de personnes expérimentées et régulièrement au contact des soins. Mais gardons-nous des clivages simplistes médecins/bureaucrates car des oncologues et même certains MAR poseurs ne répondirent pas ou trop tard à notre invitation.
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Jusqu’à  prĂ©sent, la pose des chambres et des PICC a Ă©tĂ© le plus souvent considĂ©rĂ©es comme des activitĂ©s hospitalières d’appoint. Elles permettent d’augmenter le nombre d’actes ambulatoires et de « boucher les trous » Ă©ventuels d’un programme opĂ©ratoire. Les demandes institutionnelles des prises en charge ambulatoire sont ainsi satisfaites et les Ă©quipes mĂ©dicales qui veulent garder le droit d’utiliser un bloc opĂ©ratoire (l’heure de bloc est très onĂ©reuse) sont satisfaites. Les vues comptables des soignants et des directions et les attentes des patients ne sont pas incompatibles. Il est mĂŞme souhaitable que le centre de soins aille bien financièrement pour assurer dans le temps une offre de soins de qualitĂ©. Alors quoi ? Ce virus dans sa fourberie n’a-t-il pas fait tomber le masque qui cachait des modes de penser dĂ©suets et une perte de vue des rĂ©alitĂ©s de terrain ? A trop rester dans le quotidien, Ă taper mails et rapports, cela n’a-t-il pas fait Ă©cran et ne nous a-t-il pas empĂŞcher de voir l’essentiel : que le patient doit ĂŞtre au centre du système de soins et non pas un consommateur qu’il faut capter ?
La canicule de 2003 permĂ®t aux Ă©tablissements de santĂ© de disposer aujourd’hui de chambres rĂ©frigĂ©rĂ©es. EspĂ©rons que le covid-19 leur permettent de disposer d’un annuaire national recensant les poseurs expĂ©rimentĂ©s d’abords vasculaires, prĂ©-requis -entre autres- Ă l’accès pour tous Ă des thĂ©rapies I.V. de qualitĂ©. Ce qui prĂ©cède n’est donc pas un dĂ©sir de polĂ©mique mais un dĂ©sir d’anticiper et de collaborer avec les tutelles.
Dr Seamy AYADI, secrĂ©taire du GIFAV                                Â
C. Dupont, président du GIFAV