Le mot du Président – Septembre/Octobre 2022

Reportée près de 2 ans suite à la pandémie, l’édition 2023 a tenu toutes ses promesses.
Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage … . Le dernier congrès du WoCoVA qui s’est déroulé à Athènes fut instructif à bien des égards. Explicitement, il permit de mettre à jour nos connaissances en nous permettant de rencontrer nos collègues ; implicitement il souligne – entre autres choses- un défaut bien français : l’autocritique non productive. Et oui, il faut bien l’avouer : beaucoup de français se comportent en enfants gâtés et ne connaissent pas leur chance. En effet, une étude récente du NHS (Central venous access devices for the delivery of systemic anticancer therapy (CAVA): a randomised controlled trial –voir la revue de presse-) a clairement prouvé que le cathéter central de référence en oncologie est le Cathéter à Chambre Implantable (CCI).
Dans les coulisses du congrès du WoCoVA, les collègues américains se plaignaient des considérations socio-économiques qui régissent leur pratique et ainsi de devoir choisir un PICC, au prix plus abordable, plutôt qu’une CCI, dispositif le plus indiqué pour l’administration des anti cancéreux. Aujourd’hui, de nombreux pays – notamment africains et asiatiques (la Chine n’est pas l’Asie) n’ont même pas accès à la CCI. Enfin, encore une constatation post-WoCoVA, beaucoup de nations n’ont pas la possibilité d’organiser des soins à domicile sur l’ensemble de leur territoire.



Et la France dans tout ça ? Nous bénéficions d’une couverture sociale qui nous libère des contingences économiques en cas de cancer. Notre expérience en matière d’implantation et de gestion des CCI est éprouvée. Les soins à domicile sont monnaie courante. Malgré cela les ARS promeuvent les protocoles de coopérations pour augmenter le nombre de poses de PICC dans les CRLCC sur notre territoire. Bien sûr cela épargnera du temps médical, diminuera les délais de pose de cathéters centraux, favorisera le virage ambulatoire … . Mais est-ce faire la promotion de la qualité des soins ? J’en doute. N’essayons pas de copier les Etats-Unis.
Oui la population vieillit et les dépenses de santé explosent mais soigner davantage de personnes ne doit pas forcément entraîner une altération de la qualité. Par contre, il est capital de repenser nos organisations de travail pour conserver et optimiser nos ressources.
Des belles phrases creuses suite à un séjour éclair dans la cité grecque ? Non, une simple constatation qui doit nous encourager à travailler au quotidien et localement pour ne pas subir en tant que professionnels et aussi futurs patients des mauvais choix de santé publique.
Christian Dupont – Président du GIFAV Hôpitaux Universitaires Paris Centre, Hôpital Cochin, Assistance Publique-Hôpitaux de Paris