• Groupe Interdisciplinaire Francophone AccĂšs Vasculaires

SOINS DE CATHETER VEINEUX, SECURITE ET CONFORT : QUAND L’HABIT FAIT LA DIFFERENCE

Un des plus grands bonheurs d’une aventure entrepreneuriale, ce sont les rencontres qu’elle occasionne. Parfois inattendues, souvent belles et enrichissantes.

TrĂšs intĂ©ressĂ© par le travail de Rue du Colibri, Christian Dupont, infirmier de suivi de parcours patient dans le service de pneumologie du CHU Cochin (Assistance Publique-HĂŽpitaux de Paris), nous a proposĂ© une rencontre avec plusieurs membres du Groupe Interdisciplinaire Francophone pour les Abords Veineux (le GIFAV), association loi 1901 dont il est l’actuel prĂ©sident. Objectif de la rencontre : prĂ©senter nos vĂȘtements Ă  un groupe de professionnels et recueillir leurs remarques, Ă©changer. 

Aussi, Ă  Paris, avons-nous rencontrĂ© SĂ©verine Bassomb et Arnaud Gaillard (infirmiers libĂ©raux du Cabinet de Soins Rive Droite), Salud Adame Gomez (infirmiĂšre conseil chez Elivie et ancienne infirmiĂšre Ă  hĂŽpital de jour oncologique de l’Institut Curie), Luc Rotenberg (radiologue interventionnel au centre de radiologie Paris Ouest), Jean-Pierre Fulgencio (mĂ©decin anesthĂ©siste rĂ©animateur responsable de l’unitĂ© de pose de cathĂ©ters au CHU Tenon, Assistance Publique-HĂŽpitaux de Paris) et Christian Dupont.

Les Ă©changes ne tardĂšrent pas Ă  ĂȘtre trĂšs vivants et riches d’enseignements de part et d’autre. Il faut souligner que, membres du GIFAV, toutes et tous partageaient cette vue holistique et multidisciplinaire du soin. Nous avons vite compris que, dans leur exercice quotidien, ils accordent une importance Ă©gale aux exigences techniques et Ă  la relation avec le patient. Tous sans exception savaient dĂ©jĂ  que, pour soigner, il faut mettre le patient au centre du soin et l’écouter. C’est ce qu’ils ont fait, quitte Ă  sortir de leur zone de confort, durant deux heures ce jour-lĂ .

De notre cĂŽtĂ©, nous avons mieux cernĂ© les exigences techniques demandĂ©es par la sĂ©curitĂ© des soins et les organisations respectives. En atelier, ces professionnels de santĂ© ont pris le temps de nous montrer et d’argumenter leurs gestes ; nous leur avons rapportĂ© diffĂ©rents vĂ©cus des patients durant ces soins. 

A la croisée des regards, certains points devinrent plus clairs et évidents. Aussi espérons-nous proposer des solutions répondant au mieux aux attentes de chacun. Comme quoi, quand on parle chiffon, cela va toujours au-delà.

Ces Ă©changes ont fait l’objet d’une captation vidĂ©o et seront bientĂŽt consultables.

Retrouvez le GIFAV sur gifav.org.

L’Ă©quipe de Rue du Colibri

Chambre Ă  cathĂ©ter implantable (CCI) : Informer c’est aussi soigner !

En collaboration avec B. Braun Medical

Pour apporter une information argumentĂ©e et harmonisĂ©e aux patients qui vont avoir ou ont une CCI, nous avons recueilli les questions les plus courantes (…ou pas) et avons tentĂ© d’y rĂ©pondre du mieux possible.  Restera, au moment propice, Ă  adapter le discours Ă  la personne se trouvant face Ă  vous.

Voici, tirées du quotidien, 17 premiÚres questions de patient(e)s.

Les Dr Seamy et Sautfenne Ayadi et le GIFAV, vous invitent maintenant à commencer le sympathique test de connaissances qui suit.

1 - Est-il normal d’avoir une gĂȘne voire une douleur au niveau du cou et/ou sur la zone de la chambre aprĂšs l’implantation ?

Oui. Normalement, cette douleur Ă  type de torticoli diminuera progressivement Ă  compter du 3Ăšme jour. Elle dure parfois  jusqu’au 8Ăšme jour et peut nĂ©cessiter la prescription de mĂ©dicaments antalgiques.  PassĂ© le 8Ăšme jour, si la douleur persiste, le patient doit contacter l’équipe soignante.

2 - Est-il normal d’avoir un hĂ©matome aprĂšs la pose ?

Oui, il peut ĂȘtre trĂšs Ă©tendu et prĂ©sent 10 jours. PassĂ©e cette pĂ©riode, la peau recouvrant la CCI doit avoir un aspect normal et ne pas adhĂ©rer sur la chambre (il doit ĂȘtre possible de la faire glisser dessus).

3 - En absence d'aiguille insérée dans la chambre, peut-on se baigner avec une CCI ?

Il n’est pas conseillĂ© de se baigner et de nager durant la pĂ©riode de cicatrisation soit les 10 jours (en moyenne) qui suivent l’implantation. En l’absence de colle, il faut protĂ©ger la cicatrice Ă  l’aide du pansement semi-permĂ©able (impermĂ©able Ă  l’eau). En cas d’eau trĂšs salĂ©e ou chlorĂ©e, protĂ©ger la cicatrice jusqu’à la troisiĂšme semaine.

Attention cependant au bain en piscine lorsqu’une chimiothĂ©rapie anti cancĂ©reuse, une radiothĂ©rapie sont en cours (diminution des dĂ©fenses immunitaires). Le patient doit demander l’autorisation Ă  son oncologue.

4 - Peut-on laisser une aiguille dans la CCI sans qu’il y ait d’injection ?

Oui mais...

Uniquement 24 heures. Au delĂ , le risque d’infection locale puis gĂ©nĂ©rale (septicĂ©mie) est augmentĂ©. 

5 - Doit-on laisser un pansement aprùs le retrait de l’aiguille de perfusion sur le PAC ?

Oui mais uniquement durant 1 à 2 heures aprùs le retrait de l’aiguille.

6 - Peut-on injecter dans le cathéter dÚs son implantation ?

Oui, la CCI peut-ĂȘtre utilisĂ©e dĂšs sa pose mais Ă  condition de ne pas faire pĂ©nĂ©trer un germe par la cicatrice  alors qu’elle n’est pas complĂštement fermĂ©e. Cela risquerait de transmettre une infection au dispositif implantĂ© ou dans la logette qui l’accueille.

Pour prévenir ce risque, 2 précautions sont prises : 

- l’aiguille  peut ĂȘtre posĂ©e de maniĂšre aseptique au bloc opĂ©ratoire en fin d’implantation de la CCI pour une utilisation dans les 24 heures.

- sinon, l’opĂ©rateur joue un rĂŽle en Ă©loignant la cicatrice de la chambre.

7 - Quand faut-il mettre le patch d’EMLA ?

Une heure avant l’utilisation de la  CCI. Le patch insensibilise la peau 4 heures environ.

Pour une peau noire, mettre le patch 2 heures avant de piquer. Ne pas coller l’adhĂ©sif ou mettre de crĂšme contenu dans le patch  sur la cicatrice durant les 5 jours suivant la pose.

8 - Puis-je dormir sur le ventre ou le coté de la CCI ?

Quand la CCI n’est pas perfusĂ©e, le patient peut dormir sans problĂšme sur le ventre ou le cĂŽtĂ© de l’implantation. Lorsque l’aiguille est en place, cela n’est pas recommandĂ©. En effet, le poids du corps, en appuyant sur l’aiguille en Ă©crase la pointe contre le plancher de la chambre implantable et ce crochet peut abimer le septum par la suite. AbimĂ©e, la chambre risque de ne plus ĂȘtre Ă©tanche aussi longtemps que prĂ©vu.

9 - Peut-on s’exposer au soleil avec une CCI ?

La premiĂšre annĂ©e, une cicatrice ne doit pas ĂȘtre exposĂ©e au soleil sans protection. Ne pas respecter cette prĂ©caution peut la rendre disgracieuse.

Attention cependant Ă  l’exposition solaire incompatible avec certains traitements mĂ©dicamenteux (certains antibiotiques sont photosensibilisants), chimiothĂ©rapie et au dĂ©cours des sĂ©ances de radiothĂ©rapie. Il convient donc de se rapprocher de l’équipe soignante avant de s’appliquer de la crĂšme solaire minĂ©rale. 😉

10 - Est-il possible de se laver alors que la CCI est perfusée (aiguille en place) ?

Oui. Quand La CCI est perfusĂ©e, il est conseillĂ© de se doucher l’hĂ©micorps infĂ©rieur uniquement et de se laver l’hĂ©micorps supĂ©rieur avec un gant.

L’important est de ne pas mouiller le pansement qui, du fait qu’une tubulure de perfusion en sort, laisse pĂ©nĂ©trer l’eau (l’eau du robinet est potable mais elle n’est pas stĂ©rile). L’excĂšs d’humiditĂ© nuit Ă  la bonne fixation du pansement.

S’il est dĂ©collĂ©, il doit ĂȘtre refait sans tarder (sinon le cathĂ©ter n’est plus Ă  l’abri des microbes). Ne pas superposer 2 pansements transparents (risque de macĂ©ration et d’infection).

11 - La CCI sonne-t-elle au portique des aéroports ?

Elle peut sonner lorsque la sensibilité des portiques à la détection des métaux est accrue. La CCI est en partie métallique (titane). Il est capital de garder avec soi la carte de la CCI, preuve que le patient est porteur de ce dispositif.

12 - Le port d’une CCI me dispense-t-il du port de la ceinture de sĂ©curité ?

Non, le port d’une CCI ne dispense en aucun cas de celui de la ceinture de sĂ©curitĂ© (sauf dĂ©rogations par la prĂ©fecture trĂšs difficiles Ă  obtenir).

13 - Le retrait du PAC sera t-il douloureux ?

C’est une opĂ©ration rapide (10 minutes), indolore,  sous anesthĂ©sie locale. En cas d’anxiĂ©tĂ© importante, le patient peut demander Ă  l’équipe mĂ©dicale un complĂ©ment Ă  l’anesthĂ©sie locale tels l’hypnose, une prĂ©mĂ©dication par comprimĂ©s (anxiolytiques), une analgĂ©sie inhalatoire, voire une sĂ©dation intraveineuse lĂ©gĂšre.

14 - Combien de temps peut-on garder une CCI ?

Il est recommandĂ© de retirer la CCI lorsqu’elle n’est plus utile. La dĂ©cision du retrait doit se prendre aprĂšs discussion entre le patient et l’équipe mĂ©dicale en pesant le bĂ©nĂ©fice et le risque Ă  la laisser en place. Dans certaines pathologies chroniques (hĂ©mophilies, mucoviscidose
) le consensus n’existe pas. Certaines Ă©quipes attendent un dysfonctionnement de la CCI pour la retirer, d’autres les renouvellent rĂ©guliĂšrement tous les 3 Ă  5 ans. Le fabricant limite le nombre de ponctions de la CCI Ă  environ 1000 ponctions/cm2. 

15 - Existe-t-il des activités qui me sont interdites à cause de la CCI ?

Oui. Les activitĂ©s qui peuvent entraĂźner des chocs violents sur la CCI (chasse au fusil, sport de combat, parachutisme
), les activitĂ©s susceptibles de tordre de maniĂšre rĂ©pĂ©tĂ©e le cathĂ©ter dans sa portion sous-cutanĂ©e (violon en cas de pose par voie jugulaire), les gestes pouvant entraĂźner un dĂ©placement du cathĂ©ter intravasculaire (golf) doivent ĂȘtre dĂ©clarĂ©s avant la pose de la CCI au mĂ©decin poseur. Si l’implantation de la CCI ne peut ĂȘtre adaptĂ©e Ă  l’activitĂ©, il faudra pour un temps s’en dispenser. Il faut Ă©galement faire attention aux pressions exercĂ©es par les bretelles de sacs Ă  dos. La plongĂ©e sous-marine est Ă  ce jour contre-indiquĂ©e par l’association française de plongĂ©e sous-marine. Cependant en s’assurant d’un rinçage sans bulle d’air de la CCI au retrait de l’aiguille et en sachant qu’une mobilisation du cathĂ©ter lors des manƓuvres de Valsalva avec la glotte fermĂ©e est possible, elle peut ĂȘtre discutĂ©e avec le patient.   En conclusion, il est capital au cours d’une discussion argumentĂ©e avec l’équipe soignante de faire la part de risques et de plaisirs apportĂ©s par une activitĂ© physique avant de s’y adonner.

16 - Y a t-il des soins de cicatrice à faire aprùs l’implantation ?

Cela dĂ©pend du mĂ©decin prescripteur. La dĂ©sinfection de la cicatrice post-opĂ©ratoire n’est pas l’objet d’un consensus reconnu par tous. Par contre, dans tous les cas, un pansement adhĂ©sif stĂ©rile muni d’une compresse (absorption d’éventuels saignements ou exsudats) doit recouvrir la cicatrice durant les 3 jours suivants l’implantation de la CCI. Si besoin, le pansement est refait par une infirmiĂšre (soins Ă  domicile). AprĂšs cette pĂ©riode, il est possible d’îter ce pansement. Les sutures adhĂ©sives stĂ©riles (type StĂ©ri-Strip) doivent ĂȘtre laissĂ©es sur la cicatrice jusqu’au retrait  des fils non rĂ©sorbables par l’infirmiĂšre.

La suite des soins dĂ©pend de la maniĂšre dont la cicatrice et l’éventuel point de ponction au niveau du cou ont  Ă©tĂ© fermĂ©s. 

- S’il s’agit de fils non rĂ©sorbables, une prescription de retrait des fils est prescrite entre J+8 et J+12

- S’il s’agit de fils rĂ©sorbables, les fils « tomberont » d’eux-mĂȘmes. Il n’y aura donc pas de prescription de retrait de fil. S’ils persistent, le patient devra contacter l’équipe soignante pour couper les fils au ras de la peau pour les faire disparaĂźtre.

- S’il s’agit de colle biologique, la colle se dĂ©tache spontanĂ©ment et progressivement sur 2 Ă  3 semaines sans y toucher. La colle biologique dispense de l’emploi de pansement (aucun risque d’irritation), ferme la plaie (diminution du risque infectieux), permet de se doucher le jour-mĂȘme. Pour se sĂ©cher, il faut simplement tamponner la zone collĂ©e, mais ne jamais frotter au risque de retirer la colle prĂ©maturĂ©ment.

17 - Quels signes doivent me pousser à contacter l'équipe soignante ?

Une douleur ou une sensibilitĂ© accrue sur la chambre ou le cathĂ©ter, une rougeur, un Ă©coulement purulent, une disparition du reflux veineux ou une impossibilitĂ© nouvelle de pouvoir faire des prĂ©lĂšvement sanguins sur la CCI, un ralentissement du dĂ©bit de la perfusion, une rĂ©sistance Ă  l'injection avec une seringue, un oedĂšme ou une douleur du cou ou du bras, une lourdeur du bras ou l'apparition de veines en pĂ©riphĂ©rie de la CCI doivent ĂȘtre absolument signalĂ©s Ă  l'Ă©quipe soignante. 

La survenue d'une douleur sur la zone de la CCI durant une perfusion ou une injection doit faire immĂ©diatement cesser l'utilisation de la CCI pour exploration par l'Ă©quipe soignante. Il faut ĂȘtre particuliĂšrement vigilant durant l'administration de certains produits dont la toxicitĂ© cutanĂ©e, en cas de passage hors de la CCI, peut-ĂȘtre trĂšs problĂ©matique. En ce cas, le patient doit appeler dĂšs la moindre douleur lors du passage.

En rĂ©sumĂ©, tout phĂ©nomĂšne nouveau ou inhabituel doit ĂȘtre signalĂ© Ă  l'Ă©quipe soignante.